Pascal Vincent a subi l’ultime humiliation d’un entraîneur en exil. Perdre en 4… en demi-finale..
C’est dans l’anonymat glacial d’un vestiaire abattu que Pascal Vincent a dirigé son dernier match derrière le banc du Rocket de Laval. Une fin misérable, sans applaudissements, sans cérémonie, sans respect. Une fin cruelle. Et surtout, une fin attendue.
Car tout le monde le savait depuis que le journaliste Marco Normandin a annoncé que Pascal Vincent quittait le Rocket de Laval : le coach n’était plus l’homme de la situation.
Mardi soir, le Rocket s’est incliné 3 à 2 à Charlotte, balayant les dernières illusions d’une équipe qui avait pourtant terminé la saison au sommet du classement général.
Et ce revers final, signé Jesse Puljujarvi dans les dernières minutes, n’a été que la dernière claque d’une série cauchemardesque, aussi bien sur la glace que dans les coulisses.
Déjà, le nom de Sylvain Favreau circule avec insistance pour prendre la relève.
Et cette fois, plus personne ne s’y opposera.
Il faut se rappeler que Favreau était le choix logique, le candidat naturel pour succéder à Jean-François Houle l’été dernier.
Entraîneur respecté, vainqueur du trophée Gilles-Courteau, mentor de joueurs comme Ethan Gauthier, Zachary L’Heureux ou Mathieu Cataford, Favreau avait toutes les cartes en main pour obtenir le poste. Mais à la surprise générale, le CH a opté pour Vincent, une décision venue de plus haut, probablement dictée par l’expérience LNH sur son CV.
Un an plus tard, ce pari s’est effondré après une magnifique saison.
La défaite contre Charlotte n’est pas seulement une élimination : c’est un cauchemar.
Malgré une avance de 2-0 dans le match #4, Laval a vu les Checkers revenir de l’arrière, profiter d’erreurs grossières en défensive, et profiter d’un moment de panique entre le défenseur Zack Hayes et Jacob Fowler pour inscrire le but de la victoire avec un peu plus de deux minutes à faire.
C’est ce genre de moment que Favreau aurait pu éviter.
Avec lui, les systèmes sont clairs. Les rôles sont définis. Le développement est structuré. Contrairement à la fin de saison chaotique dirigée par Vincent, marquée par l’alternance forcée des gardiens, les doutes dans la gestion des jeunes talentueux comme Logan Mailloux, et des rumeurs de départ qui circulaient ouvertement dans les corridors.
Favreau n’a jamais critiqué la décision de ne pas l’avoir retenu.
À l’époque, il avait confié à La Presse qu’il n’était « ni amer, ni déçu », même s’il avait appris très tardivement qu’il n’avait pas obtenu le poste.
Mais les faits parlent d’eux-mêmes : alors que Vincent quitte par la petite porte, Favreau a mené les Voltigeurs à la Coupe Memorial l’an dernier. Et ce, après avoir échoué de peu avec les Mooseheads d’Halifax l’année précédente. Il est constant. Méthodique. Et prêt.
Cette fois, plus personne ne pourra l’ignorer.
À Drummondville, à Halifax, avec Équipe Canada junior ou même comme invité spécial au camp de développement des Predators, Favreau est respecté partout où il passe.
Il a formé des joueurs de la LNH. Il a su leur apprendre à accepter les rôles, à comprendre les étapes. Il ne sacrifie pas le développement pour une victoire inutile. Et c’est exactement ce qu’il manque au Rocket.
Pour Sylvain Favreau, ce retour dans les discussions n’a rien d’un hasard.
« Je sais que je suis prêt pour le prochain niveau », a déclaré Favreau.
« Ce que j’ai vécu dans les dernières années m’a formé. J’ai appris à gérer les attentes, les conflits, les jeunes en développement. C’est ce que je fais de mieux. »
« J’ai été transparent avec le Canadien l’année dernière.. Il n’y avait aucune garantie à Laval. Mais j’ai apprécié chaque discussion. C’est une organisation de grande classe. »
Le style Favreau est parfait pour Laval. Chez les Voltigeurs, les jeunes joueurs sont responsabilisés rapidement.
« Sylvain, c’est le meilleur coach que j’ai eu », a lancé Ethan Gauthier.
« Il nous apprend à jouer de la bonne façon. Même quand ça veut dire manger notre pain noir. »
Même son de cloche chez Mathieu Cataford :
« Il te regarde dans les yeux et il t’explique pourquoi tu ne joues pas sur le power play. Tu n’as pas à être d’accord, mais tu comprends. »
Ce respect, Favreau l’a gagné partout où il est passé. C’est un bâtisseur, un formateur, un professeur. Et surtout : il écoute.
« Un joueur, c’est pas juste un gars avec un bâton. C’est un humain. Tu dois connaître son histoire, sa réalité. Sinon, tu ne développes personne. »
Pendant que Sylvain Favreau se rapproche du Rocket, Pascal Vincent, lui, prépare ses valises. Selon les rumeurs confirmées par Marco Normandin, il devrait devenir entraîneur-adjoint dans la LNH dès l’automne.
Deux options seraient sur la table : le Lightning de Tampa Bay, où Julien BriseBois chercherait un adjoint pour Jon Cooper… et surtout les Islanders de New York, où Patrick Roy doit rebâtir son personnel d’adjoints.
Ce n’est un secret pour personne : Patrick Roy a beaucoup d’estime pour Vincent. Les deux hommes partagent une mentalité similaire : fiers, entêtés, mais obsédés par le jeu structuré. Roy a perdu ses adjoints, et le nom de Vincent est revenu avec insistance dans les discussions.
Et maintenant que l’élimination est officielle, le divorce peut être consommé. Le Rocket ne le retiendra pas. Et surtout, le CH n’interposera aucun obstacle à son ascension vers la LNH… tant que c’est ailleurs.
Signe du destin : Sylvain Favreau avait été le finaliste malheureux pour diriger le Rocket l’an dernier. Selon ses propres mots, il a appris qu’il n’était pas retenu « tard lundi soir », alors que tout semblait indiquer qu’il allait décrocher le poste.
« Je suis super content d’avoir été approché par le Canadien. Ça m’a permis de grandir encore. Je ne suis pas amer. Je sais que mon tour viendra. » avait-il affirmé.
Un an plus tard, il pourrait justement remplacer l’homme qui lui avait volé la vedette. Une justice digne d’un film. Et un message clair : cette fois, le Canadien ne doit pas rater son coup.
La saison 2024-2025 devait être celle de la domination. Elle sera finalement celle de la transition.
Et si cette transition se fait sous Sylvain Favreau, la vraie culture de développement pourra continuer.
Le Rocket a touché le fond. Maintenant, il peut rebondir.
Et c’est le nom de Favreau qui est déjà inscrit en haut du tremplin.